Archives de l’auteur : Maria Clark

A propos Maria Clark

Artiste-Auteur

Les Portraits terrestres, série

Les Portraits terrestres sont des dessins que je réalise sur un papier fin ancien, d’une dimension de 25×20 cm, à partir d’un questionnaire​ transmis​ sous forme de jeu​ à une personne de mon entourage proche ou lointain. Le crayon à la main, je laisse ensuite résonner certains de ses mots afin de créer la rencontre d’une partie de son univers et du mien, par imprégnation. Le principe du portrait n’est pas la ressemblance directe d​u modèle, mais les analogies, les échos qui influent la composition, les figures ou le choix des teintes, alliant nos sensibilités respectives aux mondes complexes (séduisants ou effrayants) que l’on héberge en soi.
Des autoportraits sont également réalisés ainsi que des dessins à partir d’œuvres biographiques, littéraires ou cinématographiques.
De ces Portraits, je tire quelquefois une « empreinte »: l’Holobionthe. C’est un « dessin-nuage », une forme, ou bien un paysage composite​,​ réalisé sur support et format libre.
Ces portraits sont à la fois individuels et collectifs. Dans la lignée des idées du penseur Bruno Latour, ils reflètent les histoires de ce, celles et ceux qui s’intriquant les un.e.s dans les autres, se superposent en des « agencements mutuels interdépendants » — sur une Terre aux « mille plis », constituée elle-même d’une multitude de puissances d’agir.

Films

Le premier travail artistique personnel que je propose au public est un film super 8 réalisé en 2001 à partir d’un de mes textes. J’utilise ensuite une petite caméra Dv jusqu’à son dernier souffle et tourne diverses vidéos: des installations, des courtes fictions ou des documentaires, classiques ou plus expérimentaux. Le regard de la caméra et surtout le montage me permettent d’englober l’idée dans une temporalité intuitive, de la donner non seulement à voir mais surtout à écouter. Son et paroles sont ici souvent essentiels.

Le Modèle vivant déplié (2017)

Documentaire, durée: 45 min.
Projections avec débats.
Médiathèque de Charenton-le-Pont pour le mois du film documentaire, 2018/ Maison des auteurs de la Sacd (Paris), 2017/ Ateliers Beaux-arts (divers), 2017-2019 /Académie de la Grande Chaumière, 2017-2018

À partir de six entretiens de modèles de profession en activité, ce film compose le portrait d’un métier méconnu et le débarrasse de ses idées reçues. Sont évoqués ici les différentes pratiques de la pose en atelier, son histoire, son contexte, les questions d’espace, de nudité et de temps, ainsi que les spécificités de cette activité.Le ton de chacun est libre, profond, direct, quotidien et le film nous dévoile, de façon inédite, un style et un choix de vie, une façon de se penser, de penser son corps, de penser le monde.Le modèle vivant est bien vivant, et il s’inscrit dans l’art d’aujourd’hui. Avec les témoignages de Rodion Pavlovski, Annie Ferret, Déborah Wydrzynski, Vincent Pons, Christophe Lemée, Gaëlle Durand.

Contactez-moi si vous souhaitez accueillir ce projet dans votre lieu.

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4 documentaires sur Ardèche Images

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yinyang he 陰陽和, vidéo (2018)
Documentaire expérimental érotique, durée: 4 min. 30
Fleischeslust Festival, Galerie Xlane  – Berlin (All.), 2018
Le FFF @ cinéma Reflet Médicis, Paris, 2019

yinyang he.

yinyang he 陰陽和 c’est l’union, le jeu simple et instantané de deux êtres dans un environnement à la fois quotidien et imaginaire.

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Chimera (2010)
5 min 50. Vidéoprojecteur ou moniteur.
WIP-Villette – parcours d’art contemporain CARNE, 2010
Festival Les uns chez les autres (Paris), 2010

En 2008, les britanniques ont autorisé la création d’embryons homme-animal crées à partir d’une cellule humaine et d’un ovocyte animal (les premiers « cybrides » sont crées en mars de cette même année à Newcastle après l’autorisaton de la HFEA- Human Fertilisation Embryology Autority). Chimera, un être hybride, est passé au travers des mailles de la législation qui impose que les embryons soient détruits au plus tard au bout de quatorze jours…

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Marianne (2010)

Galerie Plateforme, Paris.

Marianne (nouvelle figure de la République), en buste, ligotée et muselée, présente les différents Titres de respiration obligatoires (créés sur le modèle des Titres de circulation, ces documents de contrôle réclamés aux gens du voyage).

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En compagnie de Clément Lépidis (2003), documentaire vidéo
Des images à venir prochainement

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Anatol du pays des pierres (2001)
Super 8 numérisé, 17 min. Projection cinéma. LIRE LE TEXTE INTÉGRAL >>
Rencontres internationales Paris-Berlin, 2003
Rencontres d’art contemporain de Cahors, 2010
Galerie de l’Atelier de Belleville, exposition Je vous salue Marie(s), 2019

Dans le ventre de Lili, Anatol reprend le fil de son histoire oubliée: l’histoire de l’Arménie. Anatol (du pays des pierres), ce sont deux personnages, en plans fixes, en pensées. Un murmure incessant. La fille mâchouille un chewing-gum, le garçon fume une cigarette. Tous deux pensent et parlent (en voix-off), de loin, comme quelque chose d’enfoui, d’une Arménie qu’ils ne connaissent pas. L’une découvre, l’autre continue d’oublier. C’est la voix d’un enfant qui insuffle à la fille (Lili) son état visionnaire : l’enfant lui parle en arménien, et décrit l’Asie mineure d’avant le génocide.

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Installations vidéo & audio

Mue (vidéo, gouache, textile), 2012
France, République tchèque, Italie.

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Globalization (globe en tête à papier, terre, vidéo, son), 2011
Galerie G, Paris.

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Ovotestis (2) (valise, textile, vidéo), 2010
Crane Lab, Bourgogne, Maison des canaux, galerie du Génie de la Bastille, Paris

MariaClarkOvotestis
Version contemporaine d’une ancienne statue indienne hermaphrodite qui servit de modèle pour créer le monde. « En un seul corps, elle représentait l’homme et la femme. La moitié du visage, un bras, un pied appartenaient au sexe masculin, et l’autre moitié du corps au féminin. Sur la mamelle droite on voyait, en peinture, le soleil, et sur la gauche la lune. »Les genres féminin/masculin présents en chacun de nous prennent dans cette proposition la forme de l’être bisexué ou hermaphrodite. Le public était également invité à déposer une offrande ou des mots sur le mur des ex-voto en hommage à son animus ou anima.

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Ovotestis (1) (vidéo, objets), 2010
Crane Lab , Bourgogne.

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Upside Down (vidéo), 2010
Vidéo appart., Paris.

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Un miroir reflète une autre facette du paysage urbain. Promenade sens dessus dessous dans les rues de Paris – rue Compans, place des Fêtes, rue des solitaires, rue de la Villette, rue de Belleville.

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Father Tongue,  2009
ZAZ festival, Israël

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Le Mur d’en face (toile peinte, vidéo, audio, textes), 2006
Paris, Cahors, Toulouse, Nouvelle Calédonie, Émirats arabes unis.

Dans cette vidéo, deux enfants tentent, par jeu, d’escalader un mur. Tandis que la bande son évoque la réalité, parfois meurtrière, de l’obstacle de cette frontière, du Mur de séparation entre les territoires.Chacun des personnages (fictifs) témoigne d’une histoire dans la langue du pays dont il est question: Ahmed et Pablo sont soldats, en Afrique du Nord, à Ceuta, d’un côté et de l’autre du mur qui sépare l’Europe de l’Afrique. Marika, une vieille dame, habite Mali Selmenci en Ukraine, face au mur qui sépare son village de celui de Velké Slemence en Slovaquie. L’Enfant aux deux langues joue au ballon contre le mur de Nicosie sur l’île de Chypre. Avi et Abbou habitent à Jérusalem. Ulrich nous indique comment le mur de Berlin a pu être franchi. Et enfin une Jeune femme, qui, elle, marche sur les murs…
Une création soutenue par le Ligue des droits de l’Homme et accueillie en résidences de création par laMétive en Creuse (Limousin) et La Générale (Paris).

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Writings on my wall (vidéo, mur), 2006
Biennale de Belleville de bas en haut (Paris), Rencontres d’art contemporain de Cahors
Dans cette vidéo (palimpseste mural), les lettres s’enchainent formant des bribes, des mots et des phrases. Sous des couches d’enduit, elles s’effacent, proposant à nouveau un mur vierge, un espace d’écriture. D’autres mots viennent s’y inscrire, se superposant à ceux du dessous : frontières, passeport, étranger, territoire, nation, zone… autant de définitions qui s’emmêlent, soulignant la réalité et l’absurdité de ces limites.

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Gens de Belleville, mon voyage (installation avec son), 2003
Galerie de l’Udac, Paris

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Fondation Premio Galileo 2000
Florence (Italie) – prix Art et Culture, 2013.

Le Modèle vivant déplié (mon site de modèle)
Le Centre de ressources du modèle
(événements/colloques/fiches techniques)
La Coordination des modèles
(association professionnelle-archives 2013-2019)

bio

Mon travail aborde les thématiques du corps dans son histoire et sa géographie, des espaces frontières, zones intermédiaires et vibratoires – un corps insulaire (« corps-monde »), épidermique (« peau nue »), intime et politique. J’accorde notamment une importance au témoignage, au portrait, ainsi qu’à la question du modèle et de son empreinte (physique/psychique/environnementale). Le dessin est actuellement mon medium principal.
Je vis et travaille dans le Gard ainsi qu’en région parisienne
.

EXPOSITIONS – ÉVÉNEMENTS

« J’œuvre. J’œuvre ma vie, construis soigneusement, et parfois à coups de hache, ma présence au monde. Je propose des axes esthétiques, topographiques; des lignes. De l’écorce terrestre à la peau, de la peau au support de papier, de tissu ou de plâtre, j’invoque rituels, mythes et archétypes, en équilibre sur mes forces personnelles et sociales. Une terre nouvelle se réinvente, un nouveau point de vue. Mon corps est une île.
Mon travail, visuel et écrit, est un manifeste. Individuel, collectif, esthétique et politique. J’affirme mes convictions, mes désaccords dans les affaires dites publiques, dans le silence et à grands cris. L’action est accessible, nécessaire, et existe dans son imperfection humaine, conduite par les questions ontologiques qui me tracassent. Art performance, art vidéo, art plastique, et mon propre corps comme matière. Un corps en action, ici et maintenant. », À bras-le-corps, La plâtrière éditions, 2012

À bras-le-corps (essai)

Maria Clark, À bras-le-corps, La plâtrière éditions, 2012, 72 pages, 10 euros.

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« Je donne mon corps à l’art et à l’étude de l’art. Voilà qui est dit. » D’intimes réflexions sur les activités de modèle et d’artiste-performer.
Vous pouvez commander l’ouvrage chez votre libraire ou en faisant la demande par courriel à: la.platriere@yahoo.fr

 
Téléchargement libre en pdf

Avant-propos
Ce texte aurait pu avoir pour titre Autoportrait d’un modèle. Mais il s’agit d’une histoire de corps – tête incluse, oui. Il aurait fallu donc spécifier « autoportrait en pied ». C’est l’autoportrait en pied d’un modèle.
Modèle est pris ici dans un sens plus large que celui communément admis du modèle qui pose pour un peintre. Il ressemble plutôt, en bien des points, à celui avec lequel travaille Robert Bresson. Le cinéaste préférait le mot de modèle à celui d’acteur. Pour lui, le modèle est une personne vraie, qui ne joue personne, dans l’être avant tout, et dont le mouvement va du dehors vers le dedans. (Il l’oppose ainsi au paraître et au mouvement de l’acteur, du dedans vers le dehors.)
Il se trouve que mon travail d’artiste-performeur, dont je parle également ici, suit cette même direction. Il est en correspondance avec mon travail de modèle. Ces deux activités, qui tissent mon quotidien depuis de nombreuses années maintenant, sont en effet liées. Je n’avais aucunement envie de parler de l’une sans parler de l’autre, d’exclure l’une au profit de l’autre. Et je ne pouvais pas non plus ne pas parler de moi. J’ai donc opté pour un essai intime.
Au fil des lignes et des allers et venues, des points et des ponts se dessinent. Il est question de présence, de nudité, de représentation, d’exhibitionnisme, de don, d’engagement, de temporalité, d’immobilité, de cloisonnement, d’entre-deux.
Je décris le déroulement des séances de pose, me penche ensuite sur mes œuvres plastiques et performatives, questionne mon rapport au travail, à l’action.
Ceci est un manifeste. J’y expose ma position, individuelle, collective, esthétique et politique. C’est un témoignage, avec tous les sens et contresens inhérents à n’importe quels parcours et point de vue. Hormis le fait qu’il décrive à grands traits des activités complètement méconnues, j’espère qu’il viendra alimenter chez chacun le désir de trouver sa propre ampleur. C’est ce qui me tient le plus à cœur. Il est essentiel d’avoir cette force, pour soi, pour le vivre-ensemble, et pour échapper à toutes les sortes de manipulations, conscientes et inconscientes, et d’idées reçues qui parsèment notre quotidien.
J’aime l’idée de transmission. Cette transmission, c’est le moment même de l’acte de la pose, celui de l’acte de la performance. C’est ma position, mon travail artistique. C’est l’écriture de ce texte.
J’aime les mots. Et j’aime le silence.
J’aime beaucoup le silence.
Paris, 2011

La Danseuse de cire (récit)

Maria Clark, La Danseuse de cire, La plâtrière éd., réédition 2020, 56 pages, 9 euros.

« L’histoire de Grande Mère est la mienne. »
Invalide, tiraillée entre l’envol et la chute, une femme, assistée par sa grand-mère, est confrontée en ses derniers instants à ses souvenirs personnels et transgénérationnels. À travers une narration ciselée et imagée, on la devine danseuse, amoureuse, femme, enfant, mère, issue d’une lignée d’exilé.e.s.
Réédition d’un récit court (publié une première fois en 2003), avec sa nouvelle couverture-peau de l’auteur.
#corps, #achronologie, #mémoire, #érotisme, #transmission, #exil.
À commander chez votre libraire ou par courriel à: la.platriere@yahoo.fr

Mon très cher corps

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Mon très cher corps,

Ce que j’aime avant tout chez toi c’est ta présence. Ton engagement au monde, de l’ici et maintenant.
Tu es constitué de chair, tu as une masse, un poids, un contour. Mais ton intensité, elle, ne se mesure pas.
Je t’expose régulièrement au regard des autres, de mes alter ego, tel un miroir. Tu es dénudé ou vêtu, simplement là, empreint de toute ta complexité. Humain, quoi. À la fois singulier et universel, tu proposes des attitudes ordinaires, extraordinaires, une démarche, un style, en équilibre sur le monde.
Ta forme est plutôt lisible, tonique, musclée. J’aime chez toi certaines parties; et d’autres me plaisent moins. Mais pourquoi te détailler alors que tu formes un tout tissé par des réseaux multiples et invisibles, et que c’est cela, ce « corps du vivant », qui m’importe – avec ses failles, ses interstices, ses incertitudes.
Cher corps, tu te poses pourtant et je t’ancre, tel un pilier. Ton rôle est celui de soutien. Tu es là pour me conduire, pour accompagner le processus artistique, afin d’approcher le réel, un réel plus épais que celui que l’on perçoit de prime abord. Je te donne à manger de ce principe de réalité dans ce qu’il est de plus dense. Ainsi tu recueilles et impulses l’action; celle d’autrui et la tienne. Cette conscience vient peut-être du fait que tu as été nourri de soleil et que tu as parcouru la garrigue pieds nus de long en large alors que tu étais encore haut comme trois pommes?
Cher corps, avant toute chose, tu es libre. C’est la clé de ta puissance, cette liberté-là, corps et esprit compris. Je ne t’ai jamais scindé de l’esprit, sache-le. Et c’est ce qui fait notre force je crois. 
Ce sentiment de liberté est la condition même de ton existence, même s’il est parfois difficile d’échapper aux idées reçues, aux carcans induits par toutes ces images qui te rappellent quotidiennement que tu vieillis. Et si tu te dérobes parfois un peu plus avec l’âge, si le contexte environnemental te fait du mal car tu prends tout trop à cœur et à corps, je tâche d’accueillir cette douleur qui t’assaille. Je fais ce que je peux dans le monde tel qu’il est.
Cher corps, tu es mon minimum du faire, mon essentiel. C’est notre respiration qui nous nourrit, c’est elle qui te détend. Ce mouvement intérieur, ces flux qui nous organisent et qui transpirent par tous les pores de ta peau font ce lien indispensable entre ton dehors et ton dedans. Ils te relient aux autres. 
Tu es mon île; et tu prends ainsi place dans notre archipel.
Cher corps, je ne t’ai jamais vraiment mis au travail – tel qu’on l’entend communément- , ou très peu. Je t’ai mis à l’œuvre. Tu es mon instrument, mon incarnation, mon empreinte. Je t’ai créé un espace d’existence, loin du bruit et des foutaises, dans un espace qui m’est cher: l’espace de la création. Je te remercie de m’envelopper; et de représenter, à ta manière, l’élan de vie qui est en chacun de nous.

Les Cévennes, 27 février 2018

L’art corporel du modèle contemporain

Paru en 2009 sur elles.centrepompidou.fr
à l’occasion de l’exposition Elles@centrepompidou

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© Riberzani

Maria Clark / L’art corporel du modèle contemporain
ART ET GENRE /

Maria Clark naît en Angleterre dans une famille mixte franco-britannique. Elle vit et travaille à Paris. Son travail considère les problématiques du corps, du langage ; des territoires et des frontières.  Il développe les thématiques du mouvement (corporel, migratoire) et de l’immobilité — poussée jusqu’à l’immobilisme. Ses propositions, de plus en plus engagées, s’inscrivent volontiers dans l’espace public de la rue. La première création de sa nouvelle série de performances sera présentée à Toulouse en septembre, Activist Bondage : Le corps de l’artiste, nu et immobile, fait œuvre. Artistique, esthétique et militant.

Si je tiens ici à livrer mon témoignage, c’est qu’il me semble essentiel de rappeler que le modèle physique, source d’inspiration du vivant, a sa place justifiée dans le paysage de l’art contemporain. Les arts actuels ne sont pas seulement les «beaux-arts» ; et les «expériences artistiques» relèvent également du champ esthétique…

Je vis mon activité de modèle comme celle de ma pratique de performeuse : une série d’actes militants, uniques et créatifs. Le sens et la direction de mon travail, mon engagement physique et psychique, la mise en relation esthétique des formes, des lignes et des espaces, mon état d’être (ou de présence au monde) sont en effet similaires.

Être modèle du vivant, dans le sens d’un “Body Art”

Le Body Art, ou art corporel, est défini comme étant «un ensemble de pratiques artistiques effectuées sur et/ou avec le corps». L’esthétique de la présence du modèle pourrait-elle s’engager dans cette définition ? La position du modèle est ambiguë. «Au service» de l’artiste qui va utiliser sa force de proposition pour créer, le modèle est pourtant sur l’instant même de sa présence tel un performer, en «pratique artistique» – du moins c’est comme cela que je le vis. (Il y a certainement autant de possibilités d’aborder ce métier qu’il y a d’individualités et d’intimités. Chaque modèle a son style, sa façon «d’être» du métier).

J’ai eu personnellement la chance de travailler plusieurs années avec le peintre Daniel Riberzani qui reconnaissait l’importance de mon engagement dans cet instant spécifique de la rencontre créative entre le modèle et le peintre. Il a toujours parlé de «notre» travail. J’étais, à cette époque, très militante dans la lutte pour les sans-papiers et j’arrivais au séances de travail chargée de colère. Daniel était également dans une colère sociale.
Notre travail a finalement consisté à mettre en relation nos deux états intérieurs de violence, dans le sens positif du terme – celui qui fait bouger les choses – dans un processus alchimique de création : moi avec mon corps, lui avec ses crayons.
Les dessins qui existent de cette période sont à mon avis les meilleurs qu’il ait réalisés avec moi. En tout les cas, ce sont ceux dans lesquels je trouve la plus forte résonance de ce que j’ai créé par l’affirmation de mon corps en tant que «corps incarnant, gage d’une fusion de l’art et de la vie».

Finalement, je définirai deux moment clés qui font œuvre :
– Le moment de l’acte créatif, «l’événement de l’œuvre», celui de la performance du modèle, de sa rencontre avec le peintre ; création vouée à disparaître.
– La finalisation, «l’avènement de l’œuvre», une création différente de la première ; celle qui reste.
C’est effectivement le peintre (le sculpteur ou le photographe) qui réalise cette trace. Il a donc tous les honneurs de l’artiste, ce qu’il est, nous sommes bien d’accord. Mais le modèle, lui, n’aurait-il servi qu’à réaliser cette œuvre-là ? Celle qui finalement sera accrochée dans les musées…
Et si, à l’heure où le champ de la performance et de l’art s’est considérablement élargi, le moment de l’expérience performative du modèle était lui aussi considéré comme faisant œuvre ? La pratique contemporaine du modèle pourrait peut-être enfin remettre en question les idées classiques et passéistes si présentes dans l’imaginaire collectif, et que le modèle se trimballe malgré lui.

publications, paroles

L’écriture est à la base de bon nombre de mes travaux plastiques et me permet également d’investir des terrains fictionnels ou théoriques par des articles et ouvrages. Elle donne du sens et de la cohérence à mon univers; je peux ainsi transmettre ma pensée du monde et de l’art. Je considère la pensée comme une matière, je la travaille de la même manière que tout le reste.

Ouvrages

Articles – revues papier et en ligne

Autres textes

À venir: textes théoriques et littéraires des années 1990

Conférences

Entretiens

Entretiens dans le cadre d’une recherche

  • Mathilde Jeanneau, à propos de la coordination des Modèles d’art (2019)
  • Damien Couget, doctorat en anthropologie sur les modèles (2018)
  • Alice Tariant et Anna L’Hospital, La Question du geste (2017)
  • Cyrille Bochew, licence – département Danse de l’université Paris VIII (2014)
  • Sabine Pakora, master 2 de coopération artistique et internationale (2013) Lire l’entretien >>
  • Léonore Graser: thèse de sociologie sur les liens entre socialisation et pratiques de lecture et d’écriture (2007)

Catalogues et interventions documentaires

  • Suzanne Valadon à Montmartre : modèle, peintre, pionnière, documentaire de Jean Rousselot, 2022 diffusion sur France 5.
  • FREEING (Our Bodies) #8, la revue, 2021
  • 10 ans de Plateforme 2010-2020, Plateforme éditions, 2020
  • L’Art ou la Vie, documentaire de Jaques Dutoit, 2017
  • The Unbearables Big Book of Sex, Ron Kolm Editor, New York, 2011
  • Regards sur Daniel Riberzani, documentaire de Jean-Pierre Noury & Bruno Troulet, 2003.

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Un peu plus de presse




photos

La photographie est venue à moi récemment. Des rencontres et des concours de circonstances. Un heureux hasard. J’utilise le numérique ou l’argentique, selon. Mes décors, vides ou (ré)orientés, me permettent des compositions simples, parfois investies par des traits de crayons ou de craie – des vibrations que l’on retrouve dans mon travail de dessinatrice. Je fais peu de photographies mais toujours, jusqu’à présent, avec une figure humaine.

« Face à mon dessin » (autoportrait), photographie argentique, 2019

« Hommage à Michelangelo Antonioni », montage photo (extrait), 2022.

Freedom between the walls, photo numérique, 2020
"L'un.e", 2018, photographie numérique et craie sur papier Hahnemüle Rag 308gr, 17, 5 x 29,5 cm
« L’un.e », 2018, photographie numérique et craie sur papier Hahnemüle Rag 308gr, 17, 5 x 29,5 cm
Dans le tissu du monde, 2018
Dans le tissu du monde, photo argentique, 2018